Roland Barthes et de l'importance d'une "première petite consécration"... quand on écrit.
(...) ce travail jouissif dans l’ordre de l’écriture
ou de l’intellectualité, on n’y accède pas tout de suite. Il faut d’abord, je
crois, une sorte de baptême ou de sanction sociale. C’est à dire, il faut que la première chose que vous avez écrite librement,
elle soit bien reçue et que, ensuite, le reste vous soit demandé. Sans cette
espèce de première petite consécration le travail ne peut pas faire plaisir. Le
travail d’écriture reste une pratique très angoissée qui est menacée par des dangers
terribles qui sont la velléité, l’impuissance, la graphie, la tentation d’écrire
sans y arriver et tous ces dangers sont effectivement très réel et je pense
qu’il n’y a qu’une chose qui le surmonte, je le répète, c’est de pouvoir
publier… une première chose et qu’elle soit écouté, qu’elle soit reçue mais à partir
de ce moment-là, je dirai que vraiment tout, je crois, devient facile. Certes,
on peut réussir ou rater un texte. Un texte peut être bien ou mal accueilli par
la suite, il n’empêche c’est un peu comme une mayonnaise ou crème qui a pris et
vous ajoutez du travail et ça prend toujours de mieux en mieux.
Roland Barthes à propos du travail jouissif d’écrire
(ma transcription tiré de Les Saveurs du savoir, archives INA, 4 cd en coffret, 1993).