vendredi 25 juillet 2014

Barthes : travail facile

Roland Barthes et de l'importance d'une "première petite consécration"... quand on écrit.
(...) ce travail jouissif dans l’ordre de l’écriture ou de l’intellectualité, on n’y accède pas tout de suite. Il faut d’abord, je crois, une sorte de baptême ou de sanction sociale. C’est à dire, il faut que la première chose que vous avez écrite librement, elle soit bien reçue et que, ensuite, le reste vous soit demandé. Sans cette espèce de première petite consécration le travail ne peut pas faire plaisir. Le travail d’écriture reste une pratique très angoissée qui est menacée par des dangers terribles qui sont la velléité, l’impuissance, la graphie, la tentation d’écrire sans y arriver et tous ces dangers sont effectivement très réel et je pense qu’il n’y a qu’une chose qui le surmonte, je le répète, c’est de pouvoir publier… une première chose et qu’elle soit écouté, qu’elle soit reçue mais à partir de ce moment-là, je dirai que vraiment tout, je crois, devient facile. Certes, on peut réussir ou rater un texte. Un texte peut être bien ou mal accueilli par la suite, il n’empêche c’est un peu comme une mayonnaise ou crème qui a pris et vous ajoutez du travail et ça prend toujours de mieux en mieux.
Roland Barthes à propos du travail jouissif d’écrire (ma transcription tiré de Les Saveurs du savoir, archives INA, 4 cd en coffret, 1993).